Casamento gay e Igreja livre
Um artigo de opinião de um ensaísta católico francês para o Le Monde. Nele o autor aborda a actualidade política do país (direito ao casamento e à adopção por parte dos casais homossexuais) e critica a hierarquia da Igreja por se interessar mais pelas histórias do foro privado do que pela espiritualidade. Sendo a maioria dos franceses a favor do casamento homossexual, os moralistas enveredam pelo ataque à homoparentalidade alegando a falta de referências masculino-feminino. O autor relembra que 2,8 milhões de crianças vivem em famílias monoparentais - sem haver sequer a alteridade de haver 2 referências distintas e que 40.000 crianças vivem já com um casal homossexual, sem nelas se ter notado qualquer perturbação ou trauma derivados especificamente desse factor. Mas o "incómodo" da homoparentalidade vem de medos irracionais, ignorância: hereditariedade ou contágio da homossexualidade. O autor afirma que quando se é crente, se é Igreja, e quando um se diz católico, deve ser testemunha de Cristo e do Evangelho e não se contentar com a repetição cega e obcessiva das opiniões da hierarquia: tem de se saber dialogar com tudo e com todos e passar a mensagem do Evangelho, não alimentar preconceitos sem sentido crítico e construtivo.
Desde o nascimento de Cristo sabemos que a filiação importante não é nem a sexual nem a reprodutiva, mas a adoptiva. José e Maria receberam Jesus sem o conceberem, O mesmo teria acontecido se José fosse uma mulher. O mesmo acontece quando uma criança nasce: ela é declarada ao Estado Civil e os seus pais são os que ficam responsáveis pela sua criação e educação; a criança é adoptada pelos seus pais. Com o Evangelho a família alarga-se a uma família universal. Não interessa se se é órfão, bebé-proveta, filho bastardo, filho de pai gay ou de barriga de aluguer ou se se vem da Assistência Social: todos somos irmãos em Cristo e filhos de Deus. Em termos laicos importa assegurar uma parentalidade colectiva, consensual, integrativa e democrática, ou seja, uma socioparentalidade. Os jovens devem ser associados o mais cedo possível à vida na sua cidade como futuros cidadãos.
Na história a Igreja teve o papel de consolidar o matrimónio que, entre outras coisas, assegurava às crianças que nasceriam um quadro educativo de fundo. As sociedades modernas e democráticas ocupam-se disso actualmente. A abertura do direito ao casamento e à adopção aos casais homossexuais é a última etapa desta lenta evolução. No séc. IX a Igreja ocupava-se com o estado civil e a regulação matrimonial e hoje vê chegar ao fim o seu papel administrativo e civil. O casamento homossexual não põe em causa o matrimónio e a filiação, mas antes liberta a Igreja das suas preocupações de gestão quotidiana da sociedade e dá-lhe espaço para se concentrar na difusão da sua mensagem espiritual. Para isso, os baptizados não devem ser eternamente crianças de colo do nosso Pai que está nos céus, mas tornar-se adultos que, desde a mais tenra juventude, como Jesus, tomam a palavra no Templo e na cidade.
Aqui segue o artigo na íntegra em francês:
Le mariage homosexuel libère l'Eglise
Par Thierry Jaillet, essayiste catholique
Dans quelques semaines ou quelques mois, le gouvernement va mettre en œuvre l'un des engagements du candidat Hollande : l'ouverture du "droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels". Ce n'est que justice. Mais, je le regrette en tant que catholique pratiquant et engagé, mon Eglise, ou du moins sa partie institutionnelle, va se prononcer contre cette mesure d'équité et de sagesse. En effet, depuis 1968 et l'encyclique Humanae Vitae, fustigeant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) et la contraception, nous sommes habitués à ce que notre haut clergé se mêle plus de nos histoires de cul que de spiritualité.
Comme la majorité des Français sont pour le mariage homosexuel, l'angle d'attaque des opposants moralisateurs et plus ou moins homophobes sera l'homoparentalité. Vous rendez-vous compte, ces pauvres enfants, est-ce bien raisonnable qu'ils grandissent sans référent maternel ou paternel ? Réveille-toi, mon frère, ma sœur, 2,8 millions d'enfants vivent dans une famille monoparentale, et leur seul parent, une femme, en général, est, dans la plupart des cas, hétérosexuelle. D'autre part, 40 000 enfants vivent d'ores et déjà avec deux parents homosexuels, et l'on n'a pas détecté chez eux le moindre traumatisme psychologique particulier. Tous les éducateurs sérieux le savent : les difficultés des enfants ne proviennent pas de l'orientation sexuelle de leurs parents, mais de leurs moyens financiers, de leur niveau d'études et de leur intégration dans la société. Mais ce n'est pas avec des arguments de simple raison que l'on peut convaincre sur ce point. L'homoparentalité dérange, on craint faussement qu'elle soit héréditaire, contagieuse, et délétère pour l'espèce humaine. Comment sortir de cette peur irrationnelle qui fait que même des citoyens assez ouverts se disent qu'il faut procéder par paliers, ménager des transitions, distinguer mariage (hétéro) et union civile (homo), de crainte d'encourager l'homophobie, alors qu'il n'y a rien de pire que faire des distinctions pour renforcer les discriminations et l'exclusion ?
Quand on est l'Eglise et que l'on se dit catholique, on doit dialoguer avec tous, se faire le témoin du message du Christ et des Ecritures et ne pas se contenter de répéter les éventuelles âneries des successeurs de Pierre, lequel Pierre, selon l'Evangile et les Actes des Apôtres, sortit quelques énormes sottises que ses frères ne suivirent pas. Alors, plutôt que de l'entretenir, faisons donc reculer la peur de l'homoparentalité.
Depuis la naissance du Christ, nous savons que la seule filiation qui compte n'est ni sexuelle ni reproductrice, mais adoptive. Joseph et Marie deviennent les parents du Christ parce qu'ils l'acceptent comme enfant, alors que leur relation sexuelle ne l'a pas conçu. Joseph eût été une femme que le Christ eût été tout de même incarné. Nous aussi parents, nous déclarons nos enfants à l'état civil, nous les adoptons aux yeux de la loi et de la société, et nous nous engageons dans leur éducation. Mais avec l'Evangile, nous allons plus loin que jouer au papa et à la maman. Nous agrandissons la famille à l'humanité toute entière. Nous reconnaissons Jésus Christ fils du Dieu Vivant (Mt 16, 16), et nous nous disons fils de Dieu et frères en Jésus-Christ, que nous sortions des bourses d'un père homosexuel, de l'utérus d'une mère porteuse, d'une éprouvette, ou de l'Assistance. Et l'important pour nous n'est pas de sacraliser la famille traditionnelle, car la "Sainte Famille" est tout sauf cela, mais de laisser le Christ, dès l'âge de 12 ans, et nos enfants avec lui, "s'occuper des affaires de son Père" (Luc 2, 49). En termes laïques, cela veut dire que ce qui compte, c'est que la société tout entière s'occupe bien des enfants, les éduque, et les considère pour eux-mêmes, pas seulement en tant que fils et filles de leurs parents, hétérosexuels ou pas. Toujours en termes laïques, cela veut dire aussi que les jeunes doivent être associés au plus tôt à la vie de la cité, en tant que futurs citoyens. Dans cette perspective, l'homoparentalité n'est plus un problème, le vrai défi, c'est d'assurer ensemble une parentalité collective, consensuelle, intégrative et démocratique, une socioparentalité.
Au cours des siècles, l'Eglise a construit sa vision du sacrement du mariage, certes pour asseoir son pouvoir sur la société, mais aussi pour assurer le consentement éclairé des époux, empêcher les mariages forcés pour raisons patrimoniales, limiter la traite des femmes, abolir la répudiation et assurer aux enfants un cadre éducatif minimal. Les sociétés modernes et démocratiques se chargent aujourd'hui de ces protections et sauvegardes. L'ouverture du droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels est la dernière étape de cette lente évolution. L'Eglise qui prit en charge, aux temps barbares du IXe siècle, état civil et régulation matrimoniale, voit aujourd'hui la toute fin de son rôle administratif et civil. Le mariage homosexuel, loin de remettre en cause mariage et filiation, libère définitivement l'Eglise de ses préoccupations de gestion quotidienne de la société et lui donne tout loisir de se concentrer sur la diffusion de son message spirituel. Mais pour cela, les croyants ne doivent pas rester les petits enfants mineurs de Notre Père qui est aux cieux et de notre Très Saint-Père le Pape qui est à Rome (tiens, deux pères dans cette famille ?). Non, les baptisés se doivent d'être des adultes majeurs qui, dès leur plus jeune âge, comme Jésus, prennent la parole dans le Temple et dans la ville.
Thierry Jaillet est l'auteur de L'Evangile de Michel Onfray (Golias Editions).
In Le Monde de 5 de Junho 2012
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